mardi 5 avril 2022 | 20h
mercredi 6 avril 2022 | 19h
jeudi 7 avril 2022 | 19h
Dans un supermarché, un jeune homme prend une canette de bière et la boit sur place. Quatre vigiles le saisissent et le rouent de coups. L’homme meurt. C’est arrivé à Lyon en 2009.
À partir de ce violent fait divers, Laurent Mauvignier écrit un récit bouleversant et questionnant : une phrase unique comme un seul élan, un seul souffle. Il ne raconte pas, n’explique pas, n’instruit pas, il dit, tente de dire ce qui se refuse à toute compréhension, à toute saisie esthétique, philosophique, judiciaire ou politique. Sa lecture provoque chez Michel Raskine un grand choc, immédiat puis persistant. Il a la joyeuse sensation que ce texte est celui qu’il attendait, celui qui conviendrait parfaitement aux deux interprètes avec lesquels il souhaite s’engager dans une nouvelle aventure théâtrale : le comédien Thomas Rortais et le percussionniste Louis Domallain.
Ainsi, les deux jeunes interprètes donnent corps et sons à la poignée de personnages jamais secondaires de cette fiction littéraire : la victime, personnage central et pourtant quasi muet, ses assassins, ses parents et voisins, ses frères et amis, les témoins et procureurs, les gens des quais et des gares, des parkings et des supermarchés, garçons et filles de rencontre… Deux corps jumeaux pour le seul récit de ces « vies minuscules ». En prolongeant la langue acérée de Mauvignier par la percussion, Michel Raskine joue avec un paradoxe ironique sur le lieu même de la parole, le théâtre, en faisant place au silence, car « son silence est la dernière chose qui lui appartient ».