LES 4 ECLUSES : Not Scientists + The Eternal Youth + Supermunk

Depuis 2012, NOT SCIENTISTS est un groupe français qui chante en anglais. C’est aussi le nouveau projet de Ed et Jim du groupe Uncommonmenfrommars, rejoints par le batteur de No Guts No Glory et par Thib à la basse. Il est impossible de définir leur son en lâchant quelques noms… Mais si vous mettez le chant de Télévisions sur les Strokes couvrant Fugazi et que vous avez ajouté un kilo de Cure, vous vous en approcherez : son clair ou crunchy pour les guitares, soutenues par une section rythmique aussi solide qu’élastique, mélodies imparables et secondes voix impeccables. Le groupe démontre avec leur 2ème album Golden Staples, sorti sur Kidnap records, que l’énergie d’un album dépend aussi du coeur que l’on y met. Oubliez le punk rock à roulettes exécuté à cent à l’heure : place nette est faite au pop punk et à l’indie rock à la Hot Water Music, Copyrights et consorts !

Nothing is ever over, le deuxième album des caennais de The Eternal Youth est sorti en juin 2020, en pleine pandémie, entre deux confinements. La période n’était pas des plus propices mais le groupe avait à cœur de nous montrer son évolution. Les circonstances diverses de la vie les ont empêchés de le défendre convenablement sur scène mais rien n’est jamais fini et les voilà donc de retour, prêts à en découdre. En espérant cette fois qu’aucun évènement tragique ne se mette en travers de leur route, mais nous sommes déjà en temps de guerre, crise sanitaire, sociale, écologique… il ne peut plus rien nous arriver d’affreux, non ?

Au cas où le message précédent n’était pas correctement passé, Life is an illusion, love is a dream, (ligne de texte extraite d’un morceau des Buzzcocks) en remet une couche et enfonce le clou. Le changement est peut-être moins perceptible que précédemment mais encore plus profond et il s’inscrit désormais dans la durée. The Eternal Youth continue ainsi de mâtiner son punk rock de touches cold wave et post punk, jouant habilement de ces sonorités anglaises, 80’s mais dotées ici d’une production moderne et très soignée. Ce qui se dégage de tout ça, c’est une solidité et une maturité dans les compos, de la musique aux textes, où Fra (guitare /chant), bien occupé par son poste au sein des Burning Heads, a néanmoins trouvé l’énergie, l’envie, l’inspiration, d’aborder des thèmes plus personnels, plus intimes, dans une sorte d’introspection. Et soyez certain·es que le quatuor à la jeunesse éternelle est loin d’avoir dit son dernier mot. En attendant, sans se laisser berner, vivons, aimons, rêvons grâce à cette poésie électrique violente et douce, se déclinant ici en neuf strophes.

Quand on discute avec Ben Bacon, le gars vous parle collec’ de vinyles et free parties, et on comprend assez vite que tenir la basse dans un groupe de punk fait partie d’un plan bien bordélique et en même temps assez évident.

Quand on voit Forest Pooky sur scène, en solo, avec Supermunk ou avec ses autres groupes, il défonce ses grattes comme il défonçait ses basses, sa voix vous envahit même sans micro, il ne calcul rien, il vit le truc; ses compos font le reste, point barre. Quand il fait de la musique, il fait de la musique.

Le Bazile, ben, c’est Le Bazile, unique, omniprésent et indispensable, à Supermunk comme à ses autres groupes, avec son jeu hallucinant et parfois presque liquide. Ce qui tombe bien parce qu’apparemment d’après ce que disent leurs jolis t-shirts, Supermunk c’est un nom de poisson ou un truc comme ça. Bref.

Supermunk, on va dire que c’est du punk rock, mais c’est toujours souple, presque élastique. On entre dans les morceaux; les intros paraissent évidentes et puis la suite non; et pourtant ce sont des tubes, parfois un peu tordus, les tubes. Mais ça se chante, ça se sifflote, ça se fredonne, on fait même les plans du Bazile à la bouche. Par contre faut pas non plus négliger les textes, vous en parlerez avec les trois gars.